Saturday, October 01, 2005

Ma route du thé

Pour rendre la pareille à Tamaryo, et parce que j'ai moi aussi eu une période où j'ai cru savoir que le thé était une affaire de goût.
Venu à l'âge où les boissons fortes ne font plus peur, j'ai comme un grand essayé le café. Avant de me rendre compte au bout de trois jours que ça donnait un horrible mal de ventre, et que ça laissait vraiment un sale arrière goût dans la bouche. Heureusement, c'était l'été et on était en vacances. Alors pourquoi pas le thé ? Le côté légèrement "intello initié" du thé, et puis gourmand comme je suis, la diversité des goûts… tout ça m'a bien plu.
Je suis très rapidement allé me documenter, à l'époque seuls deux livres existaient, j'ai acheté celui de Gallimard. Puis j'ai abandonné l'approvisionnement de supermarché en allant acheter des boites de thé parfumé chez Pier Import (à l'époque c'était un des sommets de l'exotisme bon marché, et puis les marques de thé genre Lipton n'avaient pas encore diversifié autant leurs gammes). Il y en avait de toutes les couleurs : pomme, gingembre, caramel, cerise, pistache, pour ceux dont je me souvienne avoir bu, et puis menthe bien sur. Et je leur avais aussi acheté une soi-disant théière chinoise "terracotta", avec les tasses, en terre rouge, parce que "le thé doit se boire dans une théière bien culottée", avais-je lu. Cet attirail amusait les amis de passage et, pour les habitués, mon antre se transformait en salon où la pause thé après le repas devenait un rituel, où chacun pouvait y aller de son propre plaisir.
En résumé donc, parcours classique : Earl Grey, Darjeeling, Lapsang, Vert Jade de Twinings, Chae un très court temps, puis thé à la menthe de façon radicale. Je me souviens même avoir une fois acheté un Tuocha entier au supermarché, il y a presque dix ans, dans sa boite verte ronde. Et je l'ai gardé longtemps sans le boire, sans savoir qu'il allait se bonifier. Pour finir, un jour, je l'ai démonté et petit morceau et fourré dans une boîte, où il doit être toujours si les amis à qui je l'ai donnée ne l'on pas touché… il doit être délicieux maintenant (un jour je vous raconterais l'histoire de ce fameux Fred Kempler, le français qui a fait découvrir le tuocha aux françaises en régime, une star dans le milieu du PU'ER).
Jusqu'à ce que… Un beau jour, une porte s'ouvre sur la Chine, on m'offre à boire du thé vert en provenance directe de ce pays mystérieux, de façon simple et directe : on prend des feuilles on les met dans un grand tubbler, on rajoute de l'eau chaude, ça fait une soupe de petites feuilles pointues, tendres, qu'on s'amuse parfois à croquer quans on prend une gorgée.
Le premier verre sera fade mais instructif, bu aux deux tiers et remplis tout au long de la soirée, le bruit de la bouilloire électrique devient lui aussi familier. Deux mois à ce régime et les papilles étaient faites, le cœur aussi… Au passage, une escale à la boutique Chayuan et la découverte des premiers noms magiques : BiLuoChun, Longjin, etc.
Et puis la Chine. Première visite d'une boutique de thé, les amis de mes amis sont mes amis. Leçon de GongfuCha, wulongs, TieGuanyin ; Surprises, étonnement, IVRESSE ! Le monde est toujours plus beau quand on sort d'une maison de thé.
TieGuanyin : encore ! Les papilles apprennent, les yeux aussi.
Première théière, un cadeau pour noël. A partir de là tout s'emballe : il faut des tasses, du matériel, des feuilles à infuser surtout. Passer son temps à tourner dans les marchés. Entrer par principe dans toute boutique inconnue croisée sur son chemin. Goûter. Le plus souvent possible et pourtant jamais assez.
Le thé devient indispensable, à la maison comme au travail, en négociations comme en amour, dans les moments de bonheur partagé et les moments de solitude désespérée. Pourtant, trois ans se sont écoulés et me reste encore aujourd'hui le sentiment de n'avoir perçu qu'un infime aspect de cet ami si proche.

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